Un vent de surprise a soufflé, cette nuit, sur les allées du pouvoir judiciaire. Pape Malick Ndour, ancien ministre de la Jeunesse et proche de l’ex-président Macky Sall, a recouvré la liberté après plusieurs heures de garde à vue à la Section de Recherches de Colobane.
Tout commence vendredi à 16 heures. L’ancien ministre est convoqué par les enquêteurs pour être entendu sur des propos tenus lors d’un rassemblement en faveur de Farba Ngom. Ce jour-là, Ndour avait lancé, devant une foule de militants, qu’il fallait « renverser le gouvernement actuel » pour instaurer une transition dirigée par Macky Sall.
Des paroles jugées subversives par les autorités, qui décident de le placer en garde à vue pour « atteinte à la sûreté de l’État ». Le procureur de la République s’appuie sur l’article 80 du Code pénal pour justifier la mesure.
Le texte en question vise les « actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité de l’État ». Mais pour ses avocats, Me Adama Fall et Me Amadou Sall, cette disposition est « devenue un outil d’intimidation contre les opposants ».
« Les propos de M. Ndour relèvent du débat politique, pas du droit pénal », proteste Me Fall. Même son de cloche du côté de l’Alliance pour la République (APR), qui dénonce une « arrestation arbitraire » et une « dérive autoritaire du régime en place ».
Une levée de boucliers
La réaction ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué, l’APR promet de « défendre ses membres par toutes les voies de droit ». Des voix indépendantes se sont également élevées.
Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, a fustigé une « attitude anti-démocratique ». Il rappelle que « des propos similaires ont souvent été tenus sous les régimes Diouf et Wade sans poursuites ». Et de dénoncer : « Le régime actuel perpétue une pratique initiée sous Macky Sall : la criminalisation de l’opposition politique ».
Alors que son face-à-face avec le procureur était prévu pour lundi, le scénario a pris une tournure inattendue. Dans la nuit, sur instruction du parquet, la garde à vue de Pape Malick Ndour a été levée. L’ancien ministre est ressorti libre, sans qu’aucune charge ne soit formellement retenue. Un épilogue surprenant, dans un climat politique déjà tendu entre le pouvoir actuel et l’ex-majorité présidentielle.







